ERNEST HEMINGWAY Texte LE VIEIL HOMME PRÈS DU PONT Nouvelle

 

Histoires de guerre

Ernest Hemingway
Le Vieil Homme près du pont

(En anglais: The Old Man at the Bridge)

(1938)

 

Texte du conte de guerre

traduit en français

Texte intégral de la nouvelle

Littérature nord-américaine

 

” Le Vieil Homme près du pont “ (En anglais: Old Man at the Bridge) est une courte nouvelle de guerre d’Ernest Hemingway, parue dans le magazine Ken en mai 1938. En France, la nouvelle de guerre “Le Vieil Homme près du pont” de Ernest Hemingway, traduite par Marcel Duhamel, paraît dans le recueil Les Neiges du Kilimandjaro aux éditions Gallimard en 1958.

La courte histoire de guerre “Le Vieil Homme près du pont” a été écrite par Ernest Hemingway alors qu’il se trouvait en Espagne dans l’un des moments les plus dramatiques de la guerre civile espagnole qui, entre 1936 et 1939, a secoué le pays. Ernest Hemingway, arrivé en Espagne en tant que journaliste, avait travaillé comme volontaire aux côtés des républicains contre les franquistes.

Résumé de la nouvelle de guerre “Le Vieil Homme près du pont” de Ernest Hemingway: Pendant la guerre civile espagnole, des civils fuient l’artillerie du front fasciste. Le narrateur est un officier qui combat dans le camp adverse des républicains espagnols. Le narrateur voit un vieil homme assis près du pont et il amorce une conversation avec lui…

Ci-dessous, nous présentons le texte complet de la conte courtes de guerre de Ernest Hemingway “Le Vieil Homme près du pont” traduite en français.

La version avec le texte original en anglais de la nouvelle de guerre de Ernest Hemingway “Le Vieil Homme près du pont ” (En anglais: The Old Man at the Bridge) peut être trouvée sur yeyebook en cliquant ici.

Dans le menu en haut ou sur le côté, vous pouvez trouver le texte de la nouvelle de guerre de Ernest Hemingway “Le Vieil Homme près du pont” traduite en yeyebook dans d’autres langues: italien, allemand, espagnol, chinois, etc.

Bonne lecture, et no guerre, paix!

 

Ernest Hemingway Toutes les nouvelles > ici

 

Histoires de guerre > ici

 

Ernest Hemingway

Le Vieil Homme près du pont

(En anglais: The Old Man at the Bridge)

(1938)

 

Nouvelle – Conte courtes

Texte intégral traduit en français

 

            Un vieil homme, portant des lunettes à monture d’acier et des vêtements couverts de poussière, était assis sur le bord de la route. Il y avait un pont de bateaux traversant la rivière, sur lequel passaient camions, charrettes, hommes, femmes et enfants. Les carrioles traînées par les mules grimpaient tant bien que mal la berge escarpée de l’autre côté, aidées par les soldats qui poussaient à la roue.

Les camions montaient dans un grincement mécanique et se tiraient de là en toute hâte, et les paysans cheminaient péniblement dans la poussière qui leur montait aux chevilles. Mais le vieux restait assis là sans bouger. Il était trop fatigué pour aller plus loin.

J’étais chargé de traverser le pont, d’explorer la tête de pont de l’autre côté et de découvrir jusqu’où l’ennemi avait avancé. Quand cela fut fait, je retraversai le pont. Il n’y avait plus autant de charrettes à présent et très peu de piétons, mais le vieillard était toujours là.

 

– D’où venez-vous ? lui demandai-je.

– De San Carlos, dit-il, et il sourit.

C’était son village natal, alors il éprouvait du plaisir à en prononcer le nom et il souriait.

– Je m’occupais des bêtes, expliqua-t-il.

– Ah ! dis-je, ne comprenant pas très bien.

– Oui, reprit-il. J’étais resté, vous comprenez, je m’occupais des bêtes. J’ai été le dernier à quitter San Carlos.

 

Il n’avait pas l’air d’un berger, ni d’un gardien de troupeaux, alors, regardant ses vêtements noirs et poussiéreux, sa tête grise et poudreuse et ses lunettes à monture d’acier, je lui dis :

– Quel genre de bêtes ?

– Plusieurs sortes de bêtes, dit-il, et il secoua la tête. J’ai été obligé de les laisser.

 

Je surveillais le pont et cette région du delta de l’Èbre qui ressemble tant à l’Afrique, me demandant dans combien de temps l’ennemi se montrerait, l’oreille à l’affût des premiers bruits annonciateurs de ce moment toujours mystérieux qu’on appelle contact, et le vieux était toujours assis là.

– Qu’est-ce que c’était comme bêtes ? demandai-je.

– Il y en avait de trois sortes en tout, expliqua-t-il. Il y avait deux chèvres et un chat et puis trois couples de pigeons.

– Et vous avez dû les laisser ? demandai-je.

– Oui. A cause de l’artillerie. Le capitaine m’a dit de partir à cause de l’artillerie.

– Et vous n’avez pas de famille ? demandai-je, guettant l’autre extrémité du pont où quelques charrettes attardées se hâtaient de descendre la pente de la berge.

– Non, répondit-il, seulement les bêtes dont je vous ai parlé. Le chat s’en tirera, bien sûr. Un chat sait toujours se débrouiller, mais je n’ose pas penser à ce que deviendront les autres.

 

– Quelles sont vos opinions politiques ? demandai-je.

– Je n’ai pas d’opinion politique, dit-il. J’ai soixante-dix ans. J’ai douze kilomètres dans les jambes et je crois que je ne pourrais pas aller plus loin.

– Ce n’est pas un endroit où il fait bon s’arrêter, dis-je. Si vous pouvez aller jusque-là, vous trouverez des camions au carrefour où la route bifurque vers Tortosa.

– Je vais attendre un moment, dit-il, et après je repartirai. Où vont les camions ?

– En direction de Barcelone, répondis-je.

– Je ne connais personne dans ce coin-là, dit-il, mais je vous remercie beaucoup. Encore une fois merci.

 

Il me regarda d’un air très désorienté et très las, puis il dit, voulant faire partager son inquiétude à quelqu’un :

– Le chat se débrouillera, j’en suis certain. Il n’y a pas lieu de se tracasser pour le chat. Mais les autres ? Je vous le demande : qu’est-ce que vous pensez pour les autres ?

– Mais… ils s’en tireront probablement très bien.

– Vous croyez ?

– Pourquoi pas ? dis-je, tout en surveillant la rive opposée où il n’y avait plus de charrettes, à présent.

– Mais qu’est-ce qu’ils vont faire quand il y aura l’artillerie, puisque c’est à cause de l’artillerie qu’on m’a fait partir ?

– Est-ce que vous avez laissé ouverte la cage des pigeons ? demandai-je.

– Oui.

– Alors, ils s’envoleront.

– Oui, ils s’envoleront, c’est sûr. Mais les autres ? Il vaut mieux ne pas penser aux autres, dit-il.

 

– Si vous êtes reposé, à votre place, je m’en irais, lui conseillai-je. Levez-vous et essayez de marcher, maintenant.

– Merci, dit-il, et il se mit debout, oscilla de droite et de gauche, puis se rassit dans la poussière.

– Je m’occupais des bêtes, dit-il lentement, d’un ton morne, mais ne s’adressant plus à moi. Je ne faisais que m’occuper des bêtes.

 

Il n’y avait rien à faire pour lui. C’était le dimanche de Pâques et les fascistes avançaient en direction de l’Èbre. Une journée grise,

avec un ciel bouché et un plafond bas, si bien que leurs avions n’étaient pas sortis. Cela, et le fait que les chats savent se débrouiller tout seuls, c’était toute la veine que ce vieillard aurait jamais.

..

.

Ernest Hemingway – Le Vieil Homme près du pont

En anglais: The Old Man at the Bridge (1938)

Conte courtes – Histories de guerre

Nouvelle – Texte traduit en français

Littérature nord-américaine

 

E. Hemingway The Old Man at the Bridge Version anglaise > ici

 

 

Ernest Hemingway Toutes les nouvelles > ici

 

 

Histoires de guerre > ici

 

 

www.yeyebook.com

 

Vous aimerez aussi...