CHARLES BAUDELAIRE Livre LES FLEURS DU MAL Poème Bénédiction

 

Charles Baudelaire
Bénédiction

 

Baudelaire – Poème

Livre: Les Fleurs du mal

 

Texte original en français

Littérature française

 

Charles Baudelaire – Les Fleurs du mal est le titre d’un recueil de poèmes de Charles Baudelaire, englobant la quasi-totalité de sa production en vers, de 1840 jusqu’à sa mort survenue fin août 1867.

Publié le 25 juin 1857, le livre Les Fleurs du mal de Charles Baudelaire scandalise aussitôt la société contemporaine, conformiste et soucieuse de respectabilité. Couvert d’opprobre, son auteur subit un procès retentissant.

Le jugement le condamne à une forte amende, réduite sur intervention de l’Impératrice ; il entraîne la censure de six pièces jugées immorales. De 1861 à 1868, l’ouvrage est réédité dans trois versions successives, enrichies de nouveaux poèmes ; les pièces interdites paraissent en Belgique. La réhabilitation n’interviendra que près d’un siècle plus tard, en mai 1949.

Après le texte original en français du poème de Charles Baudelaire: “La Destruction”.

Dans le menu en haut ou à côté, vous trouverez le poème de Charles Baudelaire: “La Destruction” traduit en d’autres langues: anglais, italien, allemand, espagnol, chinois, etc.

Bonne lecture

 

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Charles Baudelaire

Bénédiction

 

poème française

Texte original en français

 

Lorsque, par un décret des puissances suprêmes,

Le Poète apparaît en ce monde ennuyé,

Sa mère épouvantée et pleine de blasphèmes

Crispe ses poings vers Dieu, qui la prend en pitié :

 

– ” Ah ! que n’ai-je mis bas tout un noeud de vipères,

Plutôt que de nourrir cette dérision !

Maudite soit la nuit aux plaisirs éphémères

Où mon ventre a conçu mon expiation !

 

Puisque tu m’as choisie entre toutes les femmes

Pour être le dégoût de mon triste mari,

Et que je ne puis pas rejeter dans les flammes,

Comme un billet d’amour, ce monstre rabougri,

 

Je ferai rejaillir ta haine qui m’accable

Sur l’instrument maudit de tes méchancetés,

Et je tordrai si bien cet arbre misérable,

Qu’il ne pourra pousser ses boutons empestés ! ”

 

Elle ravale ainsi l’écume de sa haine,

Et, ne comprenant pas les desseins éternels,

Elle-même prépare au fond de la Géhenne

Les bûchers consacrés aux crimes maternels.

 

Pourtant, sous la tutelle invisible d’un Ange,

L’Enfant déshérité s’enivre de soleil,

Et dans tout ce qu’il boit et dans tout ce qu’il mange

Retrouve l’ambroisie et le nectar vermeil.

 

Il joue avec le vent, cause avec le nuage,

Et s’enivre en chantant du chemin de la croix ;

Et l’Esprit qui le suit dans son pèlerinage

Pleure de le voir gai comme un oiseau des bois.

 

Tous ceux qu’il veut aimer l’observent avec crainte,

Ou bien, s’enhardissant de sa tranquillité,

Cherchent à qui saura lui tirer une plainte,

Et font sur lui l’essai de leur férocité.

 

Dans le pain et le vin destinés à sa bouche

Ils mêlent de la cendre avec d’impurs crachats ;

Avec hypocrisie ils jettent ce qu’il touche,

Et s’accusent d’avoir mis leurs pieds dans ses pas.

 

Sa femme va criant sur les places publiques :

” Puisqu’il me trouve assez belle pour m’adorer,

Je ferai le métier des idoles antiques,

Et comme elles je veux me faire redorer ;

 

Et je me soûlerai de nard, d’encens, de myrrhe,

De génuflexions, de viandes et de vins,

Pour savoir si je puis dans un coeur qui m’admire

Usurper en riant les hommages divins !

 

Et, quand je m’ennuierai de ces farces impies,

Je poserai sur lui ma frêle et forte main ;

Et mes ongles, pareils aux ongles des harpies,

Sauront jusqu’à son coeur se frayer un chemin.

 

Comme un tout jeune oiseau qui tremble et qui palpite,

J’arracherai ce coeur tout rouge de son sein,

Et, pour rassasier ma bête favorite,

Je le lui jetterai par terre avec dédain ! ”

 

Vers le Ciel, où son oeil voit un trône splendide,

Le Poète serein lève ses bras pieux,

Et les vastes éclairs de son esprit lucide

Lui dérobent l’aspect des peuples furieux :

 

– ” Soyez béni, mon Dieu, qui donnez la souffrance

Comme un divin remède à nos impuretés

Et comme la meilleure et la plus pure essence

Qui prépare les forts aux saintes voluptés !

 

Je sais que vous gardez une place au Poète

Dans les rangs bienheureux des saintes Légions,

Et que vous l’invitez à l’éternelle fête,

Des Trônes, des Vertus, des Dominations.

 

Je sais que la douleur est la noblesse unique

Où ne mordront jamais la terre et les enfers,

Et qu’il faut pour tresser ma couronne mystique

Imposer tous les temps et tous les univers.

 

Mais les bijoux perdus de l’antique Palmyre,

Les métaux inconnus, les perles de la mer,

Par votre main montés, ne pourraient pas suffire

A ce beau diadème éblouissant et clair ;

 

Car il ne sera fait que de pure lumière,

Puisée au foyer saint des rayons primitifs,

Et dont les yeux mortels, dans leur splendeur entière,

Ne sont que des miroirs obscurcis et plaintifs ! ”

..

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Charles Baudelaire – Bénédiction

Livre: Les fleurs du mal

Texte original en français

Littérature française

 

 

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Charles Baudelaire

Charles Pierre Baudelaire est un poète français. Né à Paris le 9 avril 1821, il meurt dans la même ville le 31 août 1867 (à 46 ans).

« Dante d’une époque déchue » selon le mot de Barbey d’Aurevilly, « tourné vers le classicisme, nourri de romantisme », à la croisée entre le Parnasse et le symbolisme, chantre de la « modernité », il occupe une place considérable parmi les poètes français pour un recueil certes bref au regard de l’œuvre de son contemporain Victor Hugo (Baudelaire s’ouvrit à son éditeur de sa crainte que son volume ne ressemblât trop à une plaquette…), mais qu’il aura façonné sa vie durant : Les Fleurs du mal.

Au cœur des débats sur la fonction de la littérature de son époque, Charles Baudelaire détache la poésie de la morale, la proclame tout entière destinée au Beau et non à la Vérité.

Comme le suggère le titre de son recueil, il a tenté de tisser des liens entre le mal et la beauté, le bonheur fugitif et l’idéal inaccessible (À une passante), la violence et la volupté (Une martyre), mais aussi entre le poète et son lecteur (« Hypocrite lecteur, mon semblable, mon frère ») et même entre les artistes à travers les âges (Les Phares).

Outre des poèmes graves (Semper Eadem) ou scandaleux (Delphine et Hippolyte), il a exprimé la mélancolie (Mœsta et errabunda), l’horreur (Une charogne) et l’envie d’ailleurs (L’Invitation au voyage) à travers l’exotisme. (wikipedia).

 

Baudelaire – Principaux ouvrages

 

Salon de 1845 (1845) ;

Salon de 1846 (1846), illustré par Raymond Pelez ;

La Fanfarlo (1847), nouvelle ;

Du vin et du haschisch (1851) ;

Fusées (1851), journal intime ;

L’Art romantique (1852) ;

Morale du joujou (1853, réécrit en 1869) ;

Exposition universelle (1855) ;

Les Fleurs du mal (1857) ;

Le Poème du haschisch (1858) ;

Salon de 1859 (1859) ;

Les Paradis artificiels (1860) ;

La Chevelure (1861) ;

Réflexions sur quelques-uns de mes contemporains (1861) ;

Richard Wagner et Tannhäuser à Paris (1861) ;

Petits poèmes en prose ou Le Spleen de Paris (1869), poème en prose (posthume) ;

Le Peintre de la vie moderne (1863) ;

L’œuvre et la vie d’Eugène Delacroix (1863) ;

Mon cœur mis à nu (1864), journal intime ;

Curiosités esthétiques (1868) ;

Lettres ;

L’Art romantique (1869) ;

Journaux intimes (1851-1862) ;

Pauvre Belgique (inachevé)84,85.

(Wikipedia)

 

 

www.yeyebook.com

 

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